Déluges de juin

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Graffiti Paris 17

Que ce mois de juin est dur à vivre.
Il aurait dû avoir 18 mois, cet âge où l’on voit poindre ce que deviendra un peu sa personnalité. J’essaye de le chercher, de le retrouver dans chaque petit garçon que je croise même si souvent je ne peux m’empêcher de détourner le regard quand même.
C’est tellement écrasant et déchirant de ne pas le voir grandir. Comment serait-il aujourd’hui ? tourne en boucle dans mon cerveau malade de questions sans réponses.
Je morfle en ce mois de juin, c’est arrivé d’un coup, sans prévenir. Comme un château de cartes qui s’effondrent d’un coup de vent, comme un déluge subit et dévastateur.
Écroulée de douleur, inondée de pleurs.
Tout a lâché à intervalles réguliers ces dernières semaines jusqu’à me retrouver parterre, totalement vidée de tout, épuisée et usée physiquement et psychologiquement.
Comme une loque, à toucher le fond.

Depuis, je vis au jour le jour, je n’arrive pas à me projeter dans l’avenir, même pour 1h.
C’est pour l’instant quasiment impossible pour moi d’envisager quoi que ce soit qui ne se déroule pas dans l’immédiat. Le rappel qu’en seulement 36 minuscules heures tout peut basculer du côté de la force obscure me bloque toute intention, projection ou anticipation. On verra quand on y sera est devenue ma phrase favorite. Point barre.
La vie et le monde ne s’arrêtent pas pour autant tout autour de nous et annoncent d’autres batailles à mener et de situations compliquées à gérer. Ou pas.
La sœur de Honey et une amie proche vont très bientôt accoucher d’un petit garçon toutes les deux, beaucoup de parents désenfantés croisés sur la toile attendent leur rainbow baby et nous, rien ni personne ne s’annonce.
Comme si le temps ne passait pas pour nous. Suspendu à ….rien sûrement.
Et pourtant je n’ai le temps de rien faire au quotidien comme si ce temps-là me glissait
entre les doigts. Pas le temps d’écrire, pas le temps de dessiner, pas le temps de réfléchir, pas le temps de faire des choses qui me plaisent ou qui, au moins, ne me contraignent pas.
Je me sustente alors de petits bonheurs tellement insignifiants comme enlever les feuilles mortes de mes plantes et fleurs. Pour les laisser respirer comme pour me donner aussi un peu d’air par la même occasion. Une graine d’estime de soi aussi, tombé tellement bas.
Et puis tout le monde se prépare à partir en vacances, chacun s’impatiente, s’excite et rêve de nouveaux paysages. Tout le monde sauf nous, encore et pour la troisième année consécutive. Je suis pourtant assoiffée et désespérée de voyages lointains, de découvertes secrètes, de nouvelles cultures, de belles rencontres humaines, de dépaysement, d’air, d’isolement et même de galères en sac à dos au milieu de nulle part.
Mais tellement frustrée que de mesquines contingences matérielles dues à une discrimination aussi injuste que cruelle me clouent dans cette ville, dans ce même paysage qui aura vu mon fils mourir.

Aujourd’hui, je ne suis capable de pas grand-chose, je me laisse emporter par le flot d’une vie qui m’échappe complètement et le tumulte de ses eaux capricieuses. Je suis passive jusqu’à accepter les dérives, les courants contraires et chaque rocher qui se dresse devant notre frêle embarcation. Je suis fatiguée et usée de me battre tous les jours.
Me battre pour que le passé ne m’engloutisse pas, pour que le présent soit supportable et pour un avenir plus heureux. Désabusée, je n’y arrive plus.
Durant mes rares heures de sommeil, je cauchemarde de perdre un à un tous les gens que j’aime et de n’être que le témoin impuissant de la déliquescence d’une vie étiolée sans nulle étoile.
Est-ce une vie sans lumière qui m’attend ? Condamnée à regarder tous les gens que j’aime partir peu à peu ?
Bref, « La vie est une belle tartine de merde » Catherine et Liliane ❤ philosophes du soir.

8 réflexions au sujet de « Déluges de juin »

  1. ILGC

    Tout ce que tu écris me touche toujours autant parce que je te comprend.
    Cette même sensation d’être en suspens alors que les autres évoluent et progressent dans leurs projets de vie à toute allure.
    Chacun son rythme et j’espère fort que de meilleurs jours arrivent.
    Pleins de pensées pour vous deux et votre petit soleil.

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